Laura Claycomb Putting the color into coloratura

Comment ne pas saluer alors ce premier enregistrement de La Cour de Célimène qui nous vient d’Outre-Manche, grâce à la louable initiative de l’excellent label Opera Rara qui a déjà tant fait, par ailleurs, pour le belcanto romantique. Créé salle Favart en 1855, cet opéra-comique en deux actes laissa le public indifférent (seulement dix-neuf représentations). Adolphe Adam y vit pourtant « une des plus jolies productions » de son confrère, ajoutant que « peut-être cette musique est-elle trop fine et trop distinguée pour avoir une action immédiate sur le gros du public ». L’intrigue se situe dans le Paris du milieu du XVIIIe siècle et montre la Comtesse (dont le surnom de Célimène dit assez l’empire qu’elle exerce sur les soupirants qui l’entourent) et sa sœur la Baronne qui, elle, rêve de se marier, face au Commandeur fiancé « officiel » de la Comtesse et au Chevalier, nouveau venu parmi les soupirants qui finira par épouser la Baronne. On le voit, la trame est ténue, le propos léger et souriant, mais la partition réserve de beaux moments et notamment les interventions de la Comtesse aux coloratures impressionnantes écrites pour Marie-Caroline Miolan-Carvalho.

La distribution réunit principalement des chanteurs anglo-saxons qui servent notre répertoire avec une diction honorable, au moins dans les parties chantées, les dialogues se révélant plus rebelles aux incertitudes d’intonation ou de prosodie. Laura Claycomb se joue des vocalises pyrotechniques qui ornent le rôle de la Comtesse et en rend avec grâce la coquetterie du personnage. Familier des enregistrements du label Opera Rara, Alastair Miles campe ici un Commandeur d’une belle autorité vocale, tandis que Joan Rodgers prête son timbre moiré et sa musicalité à la Baronne. Seul Français de cette aventure, le jeune ténor Sébastien Droy apporte au rôle du Chevalier une belle fraîcheur vocale et de sentiments, servie par une diction et un style exemplaires. Andrew Litton dirige avec grand soin le Philharmonia Orchestra, un luxe pour cette Cour de Célimène ici opulente !